lundi 30 janvier 2012

Partir, élargir ses horizons.


Prenez une goutte d’eau posée délicatement sur un brin d’herbe. Son poids fait se courber la fine tige verte jusqu’à effleurer le sol.
Un rayon de soleil passe dans la transparence bleutée de cette goutte et renvoie un tout petit arc en ciel, juste à hauteur d’une fourmi qui l’emprunte alors.
Dieu seul sait où cela va la mener !
Juste au-dessus d’elle, un magnifique hémistola chrysoprasaria vient se poser délicatement sur une les étamines d’une vigne blanche, appelée communément «  clématite des haies ».
Nous sommes fin janvier, l’hiver semble vouloir s’approcher. Notre papillon aux ailes transparentes,  plus fines encore que la dentelle d’une coiffe Fouesnantaise, n’en a que faire de cette bise glacée.
Il folâtre, il butine, il s’égare, retrouve son chemin. Son repère : la goutte d’eau posée sur son brin d’herbe. Pour une raison essentielle, bien à lui, il décide soudain de partir à grands coups d’ailes. Il suit ce ruban de lumière vers les  deux collines. Entre deux nuages, une percée de ciel bleu laisse les rayons solaires révéler les pourpres et rouges mêlés de la lande qui grimpe sur le flan de la petite montagne.
Là, il se pose mais où donc ? Non pas sur le prostentera oublié au fond d’un jardin mais plutôt sur cette odorante daphnée, première senteur des jardins d’hiver. Quelle délectation, une si petite fleur avec ce parfum si envoutant.Elle n’a pas la délicatesse de la vigne blanche, ni le piquant au goût de menthe du prostentera, mais quel découverte !
Partir, élargir son horizon, maintenant il sait ou trouver ces nouveaux parfums jusqu’alors inconnus. L’inconnu devient familier ou presque, s’en aller pour en découvrir d’autres et faire de cette terre, un terrain  d’aventures.
Toujours la goutte d’eau brillera sur son brin d’herbe, celui-là ou un autre. Il sait aussi qu’il est un autre aujourd’hui, coloré de tous ses voyages, libre de toutes ses découvertes….
« Ainsi commence ce jour le vrai voyage de la vie puisque ce qui fut vécu n’était qu’un rêve effleuré.» Dernière phrase du livre de Bernard Giraudeau, « Cher amour ».

Aucun commentaire: